03 Sep

Combien coûte vraiment la taxe foncière en France ?

En 2023, selon une étude du courtier Meilleurtaux, la taxe foncière a coûté, en moyenne, 113 euros par mois dans les 20 plus grandes villes en France, contre 111 euros par mois en 2022.

En 2023, selon une étude du courtier Meilleurtaux, la taxe foncière a coûté, en moyenne, 113 euros par mois dans les 20 plus grandes villes en France, contre 111 euros par mois en 2022. 

 

Ce montant peut, selon les communes, représenter jusqu’à plus de deux mensualités supplémentaires de crédit immobilier par an dans le budget d’un ménage.
 

En 2023, le poids de la taxe foncière, qui varie fortement selon les grandes villes, peut désormais représenter jusqu’à plus de deux mensualités supplémentaires de crédit immobilier par an dans le budget d’un couple d’acheteurs. Focalisés sur les conditions de financement à crédit de leur projet d’achat immobilier, les ménages sont souvent moins attentifs aux dépenses contraintes et récurrentes liées à la détention du logement lui-même. Parmi elles, la taxe foncière, cet impôt local que les propriétaires immobiliers doivent payer chaque année à l’automne, grève de plus en plus leur budget.
 

Selon la nouvelle édition d’une étude annuelle du courtier en crédit Meilleurtaux, qui scrute les vingt plus grandes villes françaises, la taxe foncière coûte, en moyenne, 113 euros par mois pour un couple avec deux enfants vivant dans un logement de 70 mètres carrés. Ce montant ne cesse d’augmenter. Il atteignait, dans les deux précédentes éditions de l’enquête, 111 euros par mois en 2022 et 105 euros par mois en 2021.
 

En 2023, le poids de la taxe foncière, qui varie fortement selon les grandes villes, peut désormais représenter jusqu’à plus de deux mensualités supplémentaires de crédit immobilier par an dans le budget d’un couple d’acheteurs. Ainsi, en s’appuyant sur un taux d’emprunt moyen de 3,75 % sur 20 ans (hors assurance), cet impôt local pèse, en moyenne, 2,1 mensualités de crédit supplémentaire à Saint-Etienne, qui remporte la palme des communes où la note fiscale est la plus salée. D’après l’étude, les villes où le poids de la taxe foncière en mensualités annuelles supplémentaires est le plus important sont principalement celles où le coût d’un achat immobilier est le plus faible.
 

Outre Saint-Etienne, c’est aussi l’exemple de Nîmes, de Perpignan (1,8 mensualité), du Havre et de Mulhouse (1,7 mensualité) ainsi que du Mans et de Limoges (1,6 mensualité). « Au-delà de la hausse des taux d’intérêt depuis le printemps 2022, qui a clairement contribué à faire grimper la facture mensuelle, et en ajoutant à cela la taxe foncière qui ne cesse d’augmenter, commente Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux, il est clair que la facture s’alourdit d’année en année pour les propriétaires et ce sera évidemment la même chose en 2024. »
 

Inversement proportionnel au prix des logements, le poids de cet impôt local demeure relativement modeste dans les villes où les logements restent onéreux. Les prix toujours élevés de l’immobilier alourdissent le coût des mensualités de crédit, dans l’hypothèse étudiée par Meilleurtaux pour chacune des 20 villes, celle d’un achat de 70 m² par un couple avec deux enfants. C’est le cas pour les acquéreurs parisiens, niçois, aixois et, dans une moindre mesure, bordelais et lyonnais.
 

Dans la capitale, le montant annuel de la taxe foncière a fortement crû, passant de 770 euros, en 2022, à un peu plus de 1.200 euros, en 2023. Dès lors, quand un couple rembourse son crédit sur 20 ans à hauteur de 3.843 euros par mois mais qu’il ne paye que 1.247 euros de taxe foncière, celle-ci ne représente que 0,3 mensualité supplémentaire et un montant mensuel de 104 euros. En comparaison, le couple d’acheteurs à Saint-Etienne s’acquitte d’une mensualité de 571 euros pour son crédit mais doit débourser 1.225 euros de taxe foncière annuelle ! « Avec des prix [parisiens] aussi élevés, le poids de la taxe foncière représente finalement une broutille, rapportée à ce qui est payé pour le crédit en tant que tel », souligne Maël Bernier.
Pour un propriétaire lyonnais, la taxe foncière ne représente que 83 euros de plus par mois, faisant passer le montant de la mensualité de l’emprunt immobilier de 1.976 euros à 2.059 euros par mois taxe foncière incluse. Alors qu’à Nantes, Nîmes ou Montpellier c’est plus de 140 euros par mois.
 

La facture de la taxe foncière enfle d’année en année. Selon un rapport de la Direction générale des finances publiques (DGFIP) publié en mai, la hausse moyenne a été de 10,8 % l’an dernier. Il faut cependant rappeler qu’au global la fiscalité locale s’adoucit pour les contribuables. Ainsi, depuis 2023, plus aucun propriétaire de résidence principale ne paie de taxe d’habitation. Entre 2017 et 2023, chaque ménage français a vu ses impôts locaux baisser de 340 euros en moyenne, rappelait en mai dernier le rapporteur du Budget à l’Assemblée, Jean-René Cazeneuve. Et cela, dans un contexte inflationniste et alors que parallèlement de nombreuses communes ont accru sensiblement les taux de taxe foncière dans la période.
 

Cependant, la réforme a davantage profité aux ménages modestes, locataires et personnes ne détenant pas de patrimoine immobilier. Les (multi)propriétaires n’ont économisé la taxe d’habitation que sur leur résidence principale. Ils ont subi des hausses de taxes foncières – celles-ci ont flambé l’an dernier dans plusieurs grandes villes dont Paris – sur l’ensemble de leurs biens, sans compter les augmentations de taxes sur l’enlèvement des ordures ménagères, sur les logements vacants et la taxe d’habitation sur les résidences secondaires.
 

Si une moitié de la hausse de la taxe foncière, note Jean-René Cazeneuve, est un effet mécanique de l’inflation – les bases locatives sur lesquelles sont assises les taxes foncières étant révisées annuellement -, l’autre moitié relève de « hausses discrétionnaires » des exécutifs locaux. Pour cette année, la hausse des taxes foncières devrait être moins forte en raison d’une moindre inflation et d’une certaine modération de la part des élus locaux. La perspective des élections municipales de 2026, même si l’échéance est encore éloignée, n’y est probablement pas étrangère.