Immobilier : les délais s'allongent et tirent les prix vers le bas
Dans les grandes villes, les biens mettent de plus en plus de temps à se vendre. La palme revient à Montpellier, où il faut désormais compter trois mois en moyenne. Et ailleurs ?
Dans les grandes villes, les biens mettent de plus en plus de temps à se vendre. La palme revient à Montpellier, où il faut désormais compter trois mois en moyenne.
Selon les derniers relevés de prix de MeilleursAgents, les prix immobiliers se stabilisent, voire baissent, dans la majorité des grandes villes.
Dans les villes du Top 10 (hors Paris) et du Top 50, les prix au mètre carré ont une nouvelle fois baissé en février. Mais cette baisse reste très faible (-0,1% en moyenne). Et suivent ainsi la tendance initiée les mois précédents. Les prix n’avaient en effet chuté que de 0,2% en décembre et janvier dans les dix plus grandes villes de France. Et seulement de 0,2% puis 0,1% sur la même période dans les villes du Top 50.
Bien sûr, tout ceci est une moyenne et chaque ville présente des particularités qui lui sont propres. Quelques exemples ? Rennes (+0,1%), Nantes, Lyon (+0,2%), Lille et Montpellier (+0,3%) s’illustrent par leurs évolutions positives. Alors que dans le même temps, d’autres continuent leur lente dégringolade.
C’est le cas une fois de plus de Bordeaux (-0,9%), mais aussi de Strasbourg et Toulouse (-0,8%).
Et les zones rurales ? Elles s’essoufflent et connaissent une baisse de prix jamais vue depuis 2015 : -1,7% en six mois. Nos économistes parlent de “retour à la normale” après des années d’euphorie post-pandémie.
Tensions sur le marché immobilier à Paris
A Paris, les prix immobiliers à Paris enregistrent une nouvelle chute de 0,7% en février. En un an, les biens parisiens ont perdu 6,6% en moyenne ! Plus inquiétant, le rythme de baisse mensuel est plus élevé encore que l’année dernière : Paris perdait alors 0,5% en moyenne par mois.
Mais les quartiers les plus huppés de la capitale ont, eux, toujours la cote. Et sont pour l’heure épargnés par ce phénomène de baisse. Dans l’hyper centre, les prix continuent même de grimper. À l’instar du 8e arrondissement, qui affiche une croissance de 3,2% en trois mois.
Dans les grandes villes, 7 biens sur 10 sont négociés à la baisse. Suffisant pour dégripper le marché ? Pas vraiment, selon l’équipe data de MeilleursAgents, qui pointe ce mois-ci des délais de vente moyens particulièrement élevés.
Dans les onze plus grandes villes de France, cette durée moyenne est en effet de 77 jours au 1er mars 2024, contre 59 il y a exactement un an. Soit près de trois semaines supplémentaires. Si on regarde de plus près, on s’aperçoit aussi que dans ces mêmes villes, les délais moyens sont tous supérieurs à deux mois. Ce que ça signifie ? Que les vendeurs qui le peuvent préfèrent attendre plutôt que de “brader” leur bien.
La palme du délai de vente le plus long revient à… Montpellier. Ici, il faut désormais 90 jours en moyenne pour vendre son logement. Soit 14 jours de plus qu’il y a trois mois. Dans cette ville plus qu’ailleurs, les vendeurs ne semblent visiblement pas enclins à accepter les conditions de marché actuelles.
Sur cette même période, Bordeaux et Toulouse ont vu leurs délais de vente moyens augmenter respectivement de 15 et 10 jours pour atteindre 85 et 86 jours en moyenne au 1er mars.
Les prix de l’immobilier à Montpellier ont augmenté de 2% en un an. Toutefois, de tels délais de vente ne permettent pas d’envisager des perspectives positives pour la ville. En effet, si les acheteurs ne retrouvent pas rapidement un meilleur pouvoir d’achat immobilier, certains vendeurs seront finalement contraints d’accepter de baisser leurs prix.
À Bordeaux, Toulouse et Paris, les acheteurs retrouvent du pouvoir d’achat immobilier
Vous faites partie de ceux qui ont vu leur salaire revu à la hausse cette année ? Alors sachez que cette bonne nouvelle combinée à une légère amélioration des conditions d’accès au crédit (baisse de 0,25 point entre décembre 2023 et février 2024, selon le courtier Empruntis) peuvent vous permettre de regagner quelques mètres carrés de pouvoir d’achat en ce début d’année.
De ce côté-là, ce sont Bordeaux, Toulouse et Paris qui enregistrent les meilleures performances (logique, c’est dans ces villes que les prix ont le plus baissé). Comptez ici +9,6 %, +9,3 % et +8,7 % de pouvoir d’achat immobilier supplémentaire par rapport au dernier trimestre 2023.
La baisse des prix immobiliers enclenchée depuis la hausse des taux d’intérêt contribue de manière significative à rattraper le pouvoir d’achat dont on disposait en 2022. Pour exemple, avec une baisse de prix de plus de 10% depuis janvier 2022, Paris affiche un pouvoir d’achat immobilier de 28m² au 1er mars 2024. Une surface inférieure de seulement 1m² par rapport à il y a deux ans. De même, à Lyon (-6,2%) et Bordeaux (-7,5%), les acheteurs ont presque retrouvé leur niveau de pouvoir d’achat de janvier 2022 (à 4m² près).
Mais la route est encore longue : en deux ans, le pouvoir d’achat des ménages s’est considérablement dégradé. Seules Toulouse (52 m²) et Nantes (55 m²) offrent un pouvoir d’achat supérieur à 50 m². Exit Rennes, Lille, Montpellier et Marseille. Selon nos experts, il faudrait que les prix baissent encore de 17% pour que les ménages français retrouvent le même niveau de pouvoir d’achat immobilier qu’avant la hausse des taux de crédit. Autrement dit, c’est pas pour demain.
Méthodologie
Le pouvoir d’achat immobilier désigne le nombre de mètres carrés que peut acquérir un ménage de deux adultes disposant d’un revenu équivalent au revenu médian actualisé dans leur ville d’habitation, par le biais du crédit immobilier (hors apport personnel).