11 Juil

La croissance des salaires reste atone

À la fin de l’année prochaine, la proportion des actifs de 15 ans à 74 ans occupant un emploi s’élèvera à 61 % dans la zone OCDE, ce qui est légèrement supérieur au niveau enregistré fin 2007. Dans plusieurs pays de l'OCDE, notamment l’Allemagne, le Chili et la Turquie, le taux d’emploi a déjà dépassé son niveau d’avant la crise. Toutefois, dans certains pays européens, le déficit d’emplois par rapport à fin 2007 reste important, surtout en Espagne, en Grèce et en Irlande (à 8.5, 9 et 7.9 points de pourcentage respectivement).

La croissance des salaires reste atone dans de nombreux pays. Les gains de productivité stagnent depuis ces dernières années et parmi les travailleurs qui ont perdu leur emploi dans l’industrie manufacturière ou la construction pendant la crise, nombreux sont ceux qui ont retrouvé, dans le secteur des services, des emplois faiblement rémunérés qui ne correspondent pas à leurs compétences.

Pendant la crise, les salaires réels ont fortement chuté en Espagne, en Grèce, en Irlande, au Japon, au Portugal, et dans les États baltes. Si l’on compare la croissance des salaires réels entre 2000 et 2007 à celle enregistrée sur la période 2008-2015, on constate aussi un net ralentissement dans plusieurs autres pays, comme l’Estonie, la Lettonie, la République tchèque et le Royaume-Uni. En 2015, les salaires horaires réels dans ces pays étaient inférieurs de plus de 25 % au niveau qu’ils auraient atteint si la croissance des salaires s’était poursuivie au même rythme qu’en 2000-2007. En Grèce, en Hongrie et en Irlande, ce retard dépassait 20 %.

La qualité des emplois, et plus particulièrement la situation de certaines catégories de population, est source d’inquiétude. Ainsi, la proportion de jeunes déscolarisés, sans emploi et ne suivant aucune formation dans la zone OCDE était encore supérieure, en 2015, au niveau constaté en 2007 (15 % contre 13,5 %), la hausse subie par plusieurs pays étant encore bien plus marquée. Par ailleurs, des inégalités persistent entre hommes et femmes sur le marché du travail, et les emplois occupés par les femmes demeurent de moins bonne qualité que ceux des hommes.

Le taux de chômage dans la zone OCDE devrait reculer à 6,1 % fin 2017, mais 39 millions de personnes resteront sans emploi, soit 6,3 millions de plus qu’avant la crise. Un chômeur sur trois environ est sans emploi depuis 12 mois ou plus, soit une hausse de 54,6 % depuis fin 2007. Plus de la moitié d’entre eux sont sans emploi depuis deux ans ou plus, ce qui les rend plus susceptibles d’être définitivement exclus du marché du travail.

Une politique adaptée en matière de compétences est essentielle pour réduire les inégalités sur le marché du travail et dynamiser la productivité et les salaires. S’il est capital d’étendre l’offre de programmes d’enseignement et de formation et d’améliorer leur qualité, le rapport montre qu’il est tout aussi important d’améliorer la reconnaissance et l’utilisation des compétences au travail : parmi des travailleurs d’un même niveau d’éducation et aux compétences équivalentes, ceux qui utilisent leurs compétences au travail sont plus productifs et ont des salaires supérieurs.

Il faut également, pour relancer la productivité, les salaires et la création d’emplois, adopter des réformes structurelles supplémentaires sur les marchés de produits et du travail. Les Perspectives de l’emploi 2016 montrent qu’il est possible de minimiser voire éliminer les éventuels coûts à court terme sur le marché du travail provoqués par les réformes structurelles si ces dernières sont mises en œuvre en période d’expansion économique – et s’accompagnent d’une indemnisation plus efficace du chômage – car les entreprises sont alors mieux en mesure d’adapter les salaires et les conditions de travail. La plupart des pays étant engagés sur la voie de la reprise, même modérée, le moment est donc propice à la mise en œuvre de ces réformes, conclut le rapport de l'OCDE.