13 Fév

Le crowdfunding immobilier peut-il survivre à la crise ?

Malgré son attrait initial, le crowdfunding immobilier traverse actuellement sa première grande crise.

C’était devenu le placement incontournable de ses dernières années ! Au cours des dernières années, le crowdfunding immobilier a capté l’intérêt d’un nombre croissant d’épargnants en quête de rendements attrayants. 

 

Ce mode d’investissement, présenté comme simple et sans risques, soutenu par l’essor du marché immobilier, a offert une opportunité séduisante pour diversifier les portefeuilles. Depuis sa création en 2012 en France, le crowdfunding immobilier a affiché un rendement moyen attractif de 9,45 %, soit trois fois celui du livret A (3%), ce qui a contribué à son attrait croissant auprès des ménages. 
 

En 2022, la collecte du crowdfunding immobilier a atteint près de 1,7 milliard d’euros, représentant une part significative du total de 2,4 milliards d’euros collectés via le crowdfunding dans son ensemble.
 

Alors que le crowdfunding dans son ensemble a connu une croissance de 25 % en 2022, le crowdfunding immobilier a surpassé cette tendance avec une progression de sa collecte de 40,2 %, dopé par les campagnes marketing d’environ 200 plateformes en ligne, même si seules 60 d’entre elles sont véritablement actives.
 

Le principe du crowdfunding immobilier permet aux particuliers et aux professionnels d’investir conjointement dans des projets immobiliers en souscrivant à des emprunts obligataires émis par les promoteurs ou les sociétés de projet. Cette forme d’investissement offre aux épargnants la possibilité de percevoir des intérêts ou des dividendes selon le type de participation choisie. En outre, elle permet aux promoteurs d’améliorer leurs fonds propres et de faciliter l’obtention de financements bancaires.
 

Cependant, malgré son attrait initial, le crowdfunding immobilier traverse actuellement sa première grande crise. La hausse des taux d’intérêt a eu un impact significatif, gelant de nombreuses opérations immobilières et accroissant les risques de défaut pour les promoteurs. Cette situation met en lumière un principe économique bien connu : plus le rendement est élevé, plus le risque augmente.
 

Les indicateurs de l’immobilier ne sont pas au vert non plus. La baisse des mises en chantier et des autorisations de logements, combinée à la hausse des coûts de construction et à l’impact des nouvelles normes environnementales, exercent une pression supplémentaire sur le marché immobilier et sur les promoteurs.
 

En conséquence, la collecte du crowdfunding immobilier a connu une baisse significative en 2023, avec une diminution de plus de 27 % par rapport à l’année précédente. Les retards dans les remboursements se multiplient, avec une augmentation notable passant de 20 à 40 % entre 2022 et 2023. 

 

De plus, les défauts de paiement, bien que limités pour le moment, pourraient augmenter pour atteindre 4 à 5 % d’ici 2025.
Cette conjoncture soulève des préoccupations quant à la capacité des promoteurs à rembourser, malgré les rendements offerts par certaines plateformes, qui dépassent désormais les 10 %. Ces défis posent des questions quant à la durabilité du modèle de financement participatif immobilier et appellent à une vigilance accrue de la part des investisseurs. En effet, ceux-ci pourraient faire face à des pertes de capital, à des retards de remboursement et à des défauts de paiement, mettant ainsi en balance le potentiel de rendement avec le niveau de risque associé.