Pourquoi les boomers continuent d'épargner autant à la retraite ?
Comment expliquer la transformation des baby-boomers, autrefois perçus comme des consommateurs insouciants, en épargnants assidus ?
La transformation des baby-boomers, autrefois perçus comme des consommateurs insouciants, en épargnants assidus peut s’expliquer par divers facteurs.
En France, la croissance économique repose largement sur la consommation. Cependant, l’impact de l’inflation depuis 2021 freine cette dynamique pour de nombreux foyers.
Selon les données récentes de l’Insee, le choc économique a été particulièrement ressenti par les 10 % de ménages les moins aisés, avec une intensité « plus de deux fois supérieure à celle des 10 % les plus riches ». Les bas revenus et les classes moyennes ont ainsi dû réduire leurs dépenses, même sur des besoins essentiels tels que l’alimentation et l’énergie.
En revanche, les catégories sociales plus favorisées ont mieux résisté grâce à l’augmentation dynamique des salaires et des revenus provenant de leur patrimoine (dividendes, etc.). La suppression de la taxe d’habitation a également contribué à renforcer leur position financière. Les 20 % de la population la plus aisée affichent ainsi un taux d’épargne élevé, atteignant 28 % du revenu disponible brut, comparé à seulement 3 % pour les plus modestes.
Une observation surprenante concerne les membres de la génération des baby-boomers, qui ont longtemps été associés à une culture de consommation durant les Trente Glorieuses. Il apparaît que ces individus, en particulier les plus âgés (nés avant 1953), ont tardivement adopté une approche axée sur l’épargne. Ils parviennent même à économiser en moyenne un quart de leur revenu disponible brut, dépassant ainsi le taux d’épargne moyen des ménages français de l’année précédente (17,5 %).
La génération suivante de baby-boomers, née entre 1955 et 1963 et actuellement âgée de 60 à 69 ans, affiche également un taux d’épargne notable de 18 %, comparé à seulement 8 % pour les moins de trente ans. Cette tendance remet en question la théorie du “cycle de vie” de Franco Modigliani, qui suggère une désépargne une fois à la retraite. De manière surprenante, les plus âgés optent pour des placements plus risqués que les jeunes, probablement en raison de la disparition des incertitudes liées aux revenus annuels.
La transformation des baby-boomers, autrefois perçus comme des consommateurs insouciants, en épargnants assidus peut s’expliquer par divers facteurs. Les pensions plus élevées, l’absence de charges liées aux enfants et la propriété fréquente de leur résidence principale offrent une marge confortable pour l’épargne. Les motivations incluent la tradition d’épargne en France, la constitution d’une réserve pour faire face aux dépenses liées à la dépendance, ainsi que le désir de transmettre un patrimoine aux générations futures. Cette évolution s’aligne avec le constat que la France est devenue une société où l’héritage représente 60 % du patrimoine total, comparé à 35 % au début des années 1970. Les agriculteurs et les indépendants à la retraite se distinguent en tant que catégories économiques affichant les taux d’épargne les plus élevés, atteignant respectivement 35 % et 31 %.