22 Déc

Tenter de comprendre les mouvements actuels de la bourse

La déception liée à la décision de la BCE ne peut la justifier totalement car les effets ne sont pas autant destructeurs de valeur sur le plan économique, ceci est plus le résultat d’une mauvaise communication. Cette baisse violente est donc de nature à accroître le stress des investisseurs surtout à quelques jours de la fin de l’année. Ce rappel à l’ordre reste d’autant plus inquiétant que le consensus général est toujours très positif, surtout pour les actions européennes et c’est elles qui connaissent le plus de difficultés en ce milieu de mois. Alors que se passe-t-il ? Deux questions doivent nous interpeller. La première est la compréhension de l’évolution des matières premières et du pétrole. Nous avons déjà expliqué ici que ce sont les questions plus géopolitiques qu’économiques qui expliquent cette évolution à la baisse, mais en sommes-nous véritablement persuadés ? Est-ce qu’il n’y a pas derrière ces mouvements le début de ce que nous constaterons plus tard, à savoir un ralentissement mondial, voire lâchons le mot, une prochaine récession. La deuxième question est relative aux politiques des banques centrales, le quantitative easing portera-t-il vraiment ses fruits en Europe ?
 
Sur la semaine dernière, les indices européens ont terminé en baisse : -3,83% pour l’Eurostoxx50, -3,5% pour le CAC40 et le DAX réalise -3,83%. Les marchés américains ont été aussi en forte baisse, le Dow Jones affichant -3,26% et le Nasdaq -4,06%. Le Nikkei a également baissé de -1,40%.

Qu’attendre du pétrole ?
 
Après la réunion de l’Opep du 4 décembre, il est acté que les pays producteurs ne veulent pas ajuster l’offre de pétrole à une demande qui est désormais beaucoup plus faible. Chaque pays souhaite garder ses parts de marché et préfère ne pas s’adapter à une demande qui s’affaiblit structurellement. De nouveaux producteurs importants vont arriver en 2016, l’Iraq, l’Iran, la Lybie si une coaltion émergeait de ce chaos. On a donc le sentiment aujourd’hui que seules, les extractions les plus coûteuses, dont évidemment le pétrole de schiste américain et aussi les gisements offshore en eaux très profondes seraient susceptibles de ralentir à court terme. Du côté de la demande, la visibilité est faible. On sait que la Chine consomme moins et elle représente près de 12% de la demande mondiale. Le peu de supplément de croissance et l’efficacité des mesures d’économie d’énergie font que la demande évoluera assez peu. Ainsi, les deux éléments, offre toujours élevée et faible demande, ne devraient pas être très favorable à une reprise des cours du pétrole qui devraient rester sous vives tensions comme aussi la plupart des matières premières. Cette question risque aussi de pénaliser les marchés financiers eu égard d’une part au poids des valeurs matières premières au sein des indices et aussi à l’accroissement des risques liés aux dettes généralement high yield des entreprises de ces secteurs, surtout aux Etats-Unis. En conclusion, il est à craindre que le maintien de prix des matières premières faibles n’entraîne une pression à la baisse assez intense sur les marchés financiers.

Économie chinoise en amélioration : un peu de répit ?
 
La croissance donne des signes de stabilisation : le Bureau des statistiques chinois (BNS) a annoncé une accélération de la production industrielle en novembre. Après trois mois de ralentissement, l'industrie a progressé de 6,2 % le mois dernier sur un an après +5,6 % en octobre. Ce chiffre est supérieur aux attentes des analystes qui tablaient sur une hausse de 5,7 %. Ceci reste donc une bonne nouvelle. Ce mercredi tous les investisseurs vont être tournés en direction de la FED qui devrait annoncer un premier relèvement des taux de l’ordre de 25 bp. Les marchés devraient être satisfaits sauf à ce que son discours ne soit très prudent, laissant présager une poursuite de la dégradation. Bref, il est difficile d’y voir très clair, et même si les zones de risques sont toujours là, certains éléments positifs peuvent soutenir les marchés.
 
 Lettre hebdomadaire 360Hixance am n° 166, mardi 15 décembre 2015
 
Jean-Noël Vieille
 

(source OPCVM360)